Nous avons beau être en septembre la chaleur, qui accompagne nos journées, est pourtant toujours aussi étouffante et une fois encore je suis forcée de me lever aux aurores -neuf heures un samedi matin ce n'est tout de même pas la joie- pour refermer la fenêtre de ma chambre, dans le but incertain d'empêcher la chaleur de rentrer. Une fois l'effort, le plus rude de la journée, j'enfile une longue chemise, ayant appartenu à mon père, avant d'aller me préparer un de ces petits déjeuners express dont j'ai le secret.
Il ne me faut que quelques secondes pour tomber nez a nez avec le caleçon du nouveau copain de ma mère et dans ma tête je ne pense que « encore un » avant même de ne vraiment remarquer que celui-ci prépare le petit-déjeuner dans ce que l'on pourrait qualifier d'une petite tenue. Lorsque mon cerveau fait enfin le déclic. Désolée Appolon, mais j'aurais besoin de l'espace là. Je lui dis tout en faisant mine de n'avoir rien remarqué, de ne pas accorder la moindre attention. Puis une fois le plateau prêt je disparais à nouveau dans mon antre.


Non ne remonte pas maintenant, je t'offre une cigarette, allez reste! Je lui sourie, Gillian a toujours eu cette fâcheuse tendance à me retenir plus longtemps que prévu, à me faire les yeux de merlan frit pour que je reste avec elle ou encore me prendre par les sentiments. C'est aussi un peu pour ça que je l'aime. Gil' j'arrête de fumer et tu le sais, alors ne dis pas n'importe quoi et puis on se retrouve plus tard, mais je veux vraiment diner avec ma mère ce soir. Depuis deux heures déjà nous étions assises dans les escaliers de l'immeuble aussi je ne lui laisse pas le temps d'essayer une autre technique que je l'embrasse, me lève et entame déjà mon ascension.
Quelle agréable surprise lorsqu'en passant la porte de l'appartement Mosby je découvre un ensemble de cartons posés sur le sol. « Non! Non, s'il vous plait, tout, mais pas ça! » En entrant, après avoir enjambé ce cadavre de la jungle amazonienne je me dirige à grands pas dans le salon. Dans l'espoir inutile d'y trouver ma mère. Mais, rien. Rien que la table du dîner dressée, non pas pour deux, mais pour trois personnes. Ma voix résonne soudain dans tout l'appartement -pour ne pas dire l'immeuble- Maman!!
Elle surgit devant moi, en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Oui tu m'as appelé mon ange? Le sourire aux lèvres elle me regarde, égale à elle-même faisant mine de ne pas comprendre. Maman, ne me prends pas pour une idiote! Qu'est-ce que c'est que tout ça? Ca ne fait que deux mois! A peine deux mois merde. Comment tu peux remplacer papa par un homme que tu ne connais que depuis deux mois? Et sans attendre la moindre réponse de sa part je tourne les talons pour m'enfermer dans ma chambre.

Je m'empare du téléphone et s'en trop penser, ni à ce que je dirais ni à ce qui suivra notre conversation, je compose le premier numéro qui me vient en tête. Il ne s'agit ni de Gillian, ni de Lucas, mais d'Hawthorne. Tandis que les bips retentissent, je m'agite dans toute la chambre réprimant les larmes qui me montent aux yeux. « Décroche, décroche, décroche ». J'ai beau savoir que je fais une bêtise, que je m'embourbe encore et toujours dans la même erreur, je ne raccroche pas le combiné.
Fouillant dans un tiroir j'en tire quelque vêtement que je glisse dans un petit sac ainsi qu'un DVD et quelques affaires personnelles. Lorsque sa voix s'élève à l'autre bout du fil. Allo? Sa voix grave semble presque teintée de fatigue; mais pourtant je m'obstine. Allô? L'amant? C'est moi. Je ... écoute je me demandais si tu faisais quelque chose ce soir ? (...) Non ?! D'accord, alors attends moi j'arrive très vite. Il n'a pas le temps de répondre autre chose que son grognement habituel qu'au bout de quelques minutes je finis par raccrocher le téléphone et me saisissant de mon sac je ressors.
Où vas-tu, jeune fille? Me lance l'Apollon qui se baladait en caleçon il y a encore quelques heures Tu n'es pas mon père Apollon alors épargne moi tes commentaires! « Crétin » Comment peut-il bien se permettre ce genre d'aisance avec moi, pour qui se prenait-il ? Au même instant je passe la porte et la claque sur mon chemin.


Avachis dans le canapé de son logement, serré contre lui j'en oublie enfin tous mes problèmes. Hawthorne. Il a beau n'être ni mon petit ami, ni mon meilleur ami, il est pourtant la première personne à laquelle je pense, ce jour-là. En oubliant Lucas et tout ce qui symbolise mon quotidien. Pour la deuxième fois déjà j'en viens à tout oublier dans ses bras, ceux d'un autre que Lucas. Pourtant, je refuse d'y penser et blottie contre lui je ferme les yeux enivrée par son parfum.
Qu'est ce qui s'est passé Rhiannon? Tu n'as pas l'air dans ton assiette. Ca voit me berce et à cet instant je donnerais tout pour que le temps cesse son chemin. Rien, Apollon s'installe. Je ne prends pas le soin de préciser que mon père me manque, parce que je ne suis pas d'humeur à épancher sur mes soucis et parce que je n'ai pas envie de gâcher notre soirée. Alors, je sens sa main se poser sur ma joue et caresser mon visage.
Quelques minutes à peine après, nous nous embrassons et serrée contre lui, les remords ne tardent pas à m'assaillir et sans pour autant mettre fin à notre étreinte le visage de Lucas s'impose à moi. « tu fais la pire connerie de ta vie ma vielle, arrête » Je tente tant bien que mal de me raisonner, mais comme à mon habitude tout disparait lorsqu'Hawthorne embrasse mon cou. Puisque malgré cette réputation qu'il se donne, cette image d'homme sans attache qu'il n'a de cesse d'entretenir, il a ce 'je ne sais quoi', qui le rend important à mes yeux. Ami et amant, peu m'importe que je ne sois qu'un coup comme un autre, peu importe Lucas parce que lorsque je suis avec lui, j'ai le droit à de l'intérêt, de l'importance et surtout à ma part de bonheur. Et même si un jour je dois tout avouer à Lucas -ce que je ferais bien sûr- et tout arrêter avec Hawthorne j'aurais été heureuse le temps d'un instant.