« I can break the chains that bound you. »
« Floride, nous voilà ! » cria Olivia, ce qui déclencha un nouveau rire en moi. Oui, j'étais heureuse d'être là avec elle. Pour nos seize ans, nous avions décidé d'aller en Floride, plus précisément à Orlando pour passer un week-end au célèbre parc d'attraction Disneyland. Nous étions présentement en train de marcher dans l'immense parc, admirant ce qui se trouvait autour de nous. C'était notre journée à nous, personne n'était là pour venir tout détruire. Nous étions arrivés la veille, et nous repartions deux jours plus tard. C'était peu de temps, mais nous avions un programme bien chargé, et être ensemble nous suffisait. Rien que de savoir qu'Olivia serait à mes côtés à toutes les étapes, je savais que je passerais de très bons moments. Elle était comme une soeur pour moi, l'unique, la bonne. Comme une âme soeur. « C'est tellement grand, on est perdues ! On est déjà passée par là je crois. » Olivia était beaucoup plus émerveillée que moi. Depuis qu'elle était toute petite, elle avait toujours adoré l'univers de Disney, et avait toujours rêvé d'y aller. Elle y était enfin, et malgré qu'elle avait seize ans, on aurait dit une enfant de huit ans. Je souris, amusée, la suivant dans ses folies. Dès qu'elle voyait un stand de ballons ou de gourmandises, elle ne pouvait s'empêcher d'y courir pour aller admirer ce qui s'y vendait. Elle venait d'ailleurs d'achetée une énorme barbe à papa bleue, ainsi que des oreilles de Minnie. Elle m'enfonça de la barbe à papa dans la bouche et ris, amusée. C'est alors qu'elle sortit son appareil photo et le tendis devant nous. Je collais ma tête à la sienne et souris pour la photo. « Comme ça, nous nous en souviendrons toute notre vie. C'est notre journée. » Je l'embrassais sur la joue avant de la prendre par la main. « Allez, viens. » dis-je en courant, l'entraînant derrière moi, enthousiaste. Oui, ça allait vraiment être un excellent week-end.

« I'll take everything for you, but you'll take anything, won't you ? »
« Je t'aime. » murmurais-je, les bras enroulés autour du cou de Stefan. « Moi aussi. » Il me fit une grimace affectueuse avant de poser ses lèvres sur les miennes. « Allez, bouge. » Assise sur ses genoux, alors que lui-même était assis sur une table, il me poussa presque pour que je m'en aille. Je soupirais et reposais les pieds à terre. Je commençais à être habituée à son comportement. Ce n'était pas nouveau qu'il me traite comme une moins que rien. Mais je l'aimais. J'étais amoureuse, alors je laissais faire. Soudain, son téléphone vibra. Puisque j'étais plus près, je m'en emparais et regardais le nom qui s'affichait sur l'écran. Tracey. « C'est qui ? » demandais-je, alors que je lui tendais son téléphone. Il s'en emparais, fourrant le joint qu'il se préparait dans sa bouche. « Une fille, t'occupes. » Je soupirais, ennuyée, et allais dans ma chambre pour ne pas m'énerver. C'était une attitude typique chez le jeune garçon. Pourtant, je continuais à m'accrocher. Malgré le fait qu'il soit tout le temps défoncé, que je sache qu'il me trompe avec une fille différente chaque soir, je restais à ses côtés, et je faisais comme si je ne voyais rien. Parce qu'il était avant tout mon meilleur ami, et je le connaissais mieux que quiconque. Il gérait son adolescence comme un connard, mais je savais ce qu'il valait en réalité. C'était quelqu'un de gentil et d'attentionné, qui avait toujours été là pour moi. Et même si je le détestais par moments, il savait se faire très adorable. « Qu'est-ce que tu fais ? » me demanda-t-il au pas de ma porte. Je le regardais, essayant de garder mon calme, et me fis violence pour ne pas lui répondre. Il baissa la tête en soupirant et s'approcha de moi, posant ses mains sur mes hanches. « Je suis désolé bébé. Allez, fais pas la tête. » Je continuais à l'ignorer et à essayer de me dégager de son emprise, mais je soupirais, m'avouant vaincue, lorsque je croisais son regard. Il était tout simplement irrésistible. « Je te déteste. » Il rit avant de m'embrasser et de m'allonger sur le lit. Je savais déjà ce qui allait se passer. Il me charmait pour tirer son coup, et se cassait ensuite pour aller faire la fête et coucher avec d'autres. Mais je laissais faire, appréciant ces moments où il était à moi, rien qu'à moi.

« I'll sing it one last time for you, then we really have to go. »
Un départ n'est jamais facile, quand bien même il est voulu. Dans ce cas-là, je ne le voulais pas vraiment, non. C'était ma décision, certes. Mais si ça avait pu se passer différemment, ça aurait été avec grand plaisir. Je ne pouvais juste plus continuer comme ça. J'avais mal, et bien que je souffrais à l'idée de partir, à l'idée d'abandonner ceux que j'aimais, je souffrais plus de rester à leurs côtés. Comment avais-je pu finir comme ça ? Un jour, j'étais la fille la plus enviée, avec une meilleure amie en or et un petit copain canon. Et le lendemain, je tombais amoureuse de ma meilleure amie et mon petit copain me trompait avec tout ce qui bougeait. Je ne pouvais plus supporter cela. Les deux personnes que j'aimais le plus dans ce monde étaient la cause de mes souffrances. Je regardais derrière moi, éteignant alors les lumières et fermant la porte derrière moi. Je m'emparais de mes bagages, posés devant la porte de la maison, et me dirigeais vers le taxi qui m'attendait. Mon frère m'aida à mettre mes valises dans le coffre et se retourna vers moi après avoir refermé le coffre. « T'es sûre que tu veux faire ça ? » Matthys était mon plus grand frère, l'aîné de la famille. Il y a deux ans, j'avais décidé d'aménager chez lui, lorsqu'il avait pris son indépendance. Je ne m'entendais pas avec nos parents, et j'avais besoin de changer d'air. Il avait accepté, et notre relation avait alors pris une nouvelle tournure, une nouvelle dimension suite à cette décision. « Je ne peux plus rester là, c'est trop dur. » Je regardais Matthys dans les yeux, cherchant une sorte de confort, de soutien. Il connaissait tout, je me confiais à lui. C'était sûrement la personne qui me connaissait le mieux. Je n'avais aucun secret pour lui. « Tu vas me manquer soeurette. » Les larmes aux yeux, je me réfugiais dans ses bras, appréciant ses bras se serrant autour de mes épaules. C'était dur de partir. J'abandonnais Olivia et Stefan, ils n'étaient pas au courant. Mais surtout, j'abandonnais mon frère. Il était un véritable soutien de tous les jours, et je ne sais pas si j'allais pouvoir m'en sortir sans lui. Il m'embrassa sur le front et m'ouvrit la porte du taxi. Je m'installais. « Prend soin de toi. » murmurais-je, avant que la voiture ne démarre, s'éloignant peu à peu de ma vie.

« Why not take me ? You could save me. »
« Devine qui est de retour. » criais-je, posant mes mains sur les yeux de mon frère. Il posa les siennes sur les miennes, devinant évidemment qui j'étais. Après tout, il connaissait ma voix par coeur, j'étais quand même sa soeur. Il se retourna vers moi en souriant et me prit dans ses bras. Je le serais contre moi, contente de sentir sa présence familière contre moi. Il m'avait tellement manqué. Mais lorsqu'il se recula, je pus voir qu'il n'avait pas sa tête des bons jours. Il avait des cernes, ne semblait pas dans son élément. « Matt, tu vas bien ? » Il prit place sur une chaise de la cuisine et soupira, sa main touchant son front. Je pris place sur la chaise en face de lui et pris sa main dans la mienne. « Il faut que je te dise quelque chose... Maman et papa sont morts, ils n'ont rien pu faire. » Je regardais Matthys sans rien dire, scotchée. J'étais revenue pour eux. Ils avaient eu un accident de voiture, et je voulais les soutenir, être là à l'hôpital pour eux, bien que nous ne soyons pas vraiment proches. Mais le temps que je traverse le pays, ils étaient partis. C'était fini. « Oh mon Dieu. » Je n'avais aucune envie de pleurer. Je n'avais jamais été proche de mes parents. Oui, leur perte me rendait triste. Mais je n'étais pas accablée par le chagrin. Ce sont des choses qui arrivent. Et je n'avais plus aucun contact avec eux, donc ça n'allait pas vraiment me changer. Mais je savais que mon frère tenait énormément à eux, et je le connaissais assez bien pour deviner qu'il avait dû mal à s'y faire. Je serrais sa main un peu plus fort pour lui montrer mon soutien. « Ca va aller. Je suis là maintenant. »

« You make me smile with my heart. »
« On doit parler, Liv. » La jolie brune me fusilla du regard alors qu'elle se préparait une tasse de café. Je soupirais, m'adossant contre un des murs de la cuisine, mon regard fixé sur la jeune fille. Elle m'avait évitée depuis presque deux semaines, c'est-à-dire depuis mon retour en ville. Elle était ma meilleure amie, et je ne supportais pas l'idée qu'elle m'en veuille. Pourtant, pouvais-je l'en blâmer ? J'étais partie comme ça, du jour au lendemain, sans la prévenir de quoi que ce soit. Elle avait des raisons de m'en vouloir, et des solides. Je l'avais pratiquement abandonnée. « J'ai passé deux ans sans te parler, alors je peux très bien continuer comme ça. » Je soupirais, m'avouant vaincue. Quoi que je dise ou que je fasse, cela reviendrait au même. Rien ne pourrait changer la situation, rien n'arrangerait les choses. Je me retournais alors pour sortir d'ici, quand la voix d'Olivia m'interpella. « Pourquoi ? Pourquoi t'es partie comme ça, sans un mot, sans aucune explication ? Est-ce que tu t'imagines une seule seconde ce que j'ai pu ressentir ? De quelle façon je me suis remise en question ? Je te mentirais si je te disais que ça ne m'a pas empêché de dormir. Et tu vois, au moment où je commençais à me remettre de ton absence, tu débarques, pensant que tout le monde va te tomber aux pieds comme cet abruti de Stefan. Devine quoi ? Pas moi. » Je m'approchais légèrement d'elle, ouvrant la bouche pour répliquer. « J'ai pas fini. Si je veux pas t'écouter, c'est parce que je t'en veux, tu m'as fais énormément souffrir. Mais pas seulement. Je veux pas que tu reviennes dans ma vie, que tout recommence comme avant, et que tu refasses la même chose. Parce que ça, je ne le supporterais pas. » Je m'approchais d'elle alors, déterminée, et m'emparais de son visage entre mes mains, délicatement, avant de déposer un doux baiser sur ses lèvres. Me rendant compte de ce que je faisais, je me reculais et plongeais mon regard dans celui d'Olivia. Quelques secondes de silence s'écoulèrent, et elle me rendit mon baiser, de façon plus fougueuse cette fois. Et c'est ainsi que quelques minutes plus tard, nous nous retrouvions dans le lit d'Olivia, la nuit s'offrant à nous étant plus prometteuse que jamais.

« There is a hole behind this night, there is a savior in the sky. »
« Kehr ? » Je me retournais lorsque j'entendis mon nom prononcé par une voix qui m'était bien familière. J'essuyais les larmes qui avaient coulé sur mes joues, peu désireuse de me montrer faible. Ca faisait une bonne demie-heure que j'étais arrivée dans le stand de tirs. J'y prenais des cours depuis mon adolescence. Un moyen de défense, mais aussi de défoulement. Lorsque j'allais mal, je venais ici. Et c'était le cas aujourd'hui. Je n'étais pas particulièrement mal, mais j'étais perdue, c'était le moins que l'on puisse dire. Je pensais bien mieux lorsque j'avais un fusil dans les mains. Je reposais l'arme sur la table devant moi et enlevais mon casque avant d'avancer vers Matthys. « Qu'est-ce que tu fais là ? » lui demandais-je avec un regard interrogateur. « Stefan m'a dit que tu serais là. Je suis passé pour voir comment tu allais. On pourrait peut-être aller manger un morceau et... Parler, par exemple. » Je compris lorsqu'il plongea son regard dans le mien qu'il savait que quelque chose n'allait pas. Après tout, il me connaissait par coeur, évidemment qu'il le savait. Matthys était la seule personne a qui je dévoilais tout, la seule personne à savoir ce qui s'était passé entre Olivia et moi. Le seul en qui j'avais assez confiance pour me confier sur ce que je ressentais. « Je sais que t'as pas réussi à être psy, mais c'est pas la peine d'essayer de le faire sur moi, tu sais. » le taquinais-je, dans le but de détendre l'atmosphère. Non pas que je m'y forçais. Sa présence m'apaisait. Il n'y avait pas besoin de mots pour que je me sente bien à ses côtés. J'attrapais alors mon manteau, saluais le personnel, et pris mon frère bras-dessus bras-dessous alors que nous sortions de l'établissement.

« I see your face, I know I'm finally yours. I find everything I thought I lost before. You call me name, I come to you in pieces, so you can make me whole. »
« Vous me saoulez les filles, je me casse. » Un énième ronchonnement de la part de Stefan qui déclencha un nouveau fou rire. « Fais pas la tronche. » dis-je en rigolant, attrapant un coussin et lui envoyant à la figure alors qu'il quittait la chambre d'Olivia. Il se retourna et nous tira la langue avant de s'en aller pour de bon. Je poussais un long soupir bruyant, amusée par la situation, avant de m'allonger sur le lit d'Olivia, la tête face au plafond. Olivia s'allongea dans la même position, à mes côtés, et je tournais la tête vers elle. Nos regards restèrent l'un dans l'autre pendant de longues minutes, et je sentis ses doigts prendre les miens. Depuis cette fameuse nuit passée ensemble, rien ne s'était passée. On essayait d'aller de l'avant, de faire comme si rien n'était arrivé. Mais je ne pouvais pas nier que j'avais encore envie d'elle. C'était simple, j'étais folle amoureuse de ma meilleure amie. Et je lisais dans ces yeux que ce sentiment était réciproque. « Je t'aime. » m'entendis-je murmurer, sans m'en rendre compte. Mon pouls s'accéléra alors que le silence envahi la pièce. « Je t'aime aussi. » Quelque chose dans sa voix était inquiétant. Je savais parfaitement ce qu'elle voulait dire par ces mots. Elle m'aimait, c'était évident. Mais on ne pouvait pas être ensemble. Je le savais très bien. Mais qu'elle me le dise me faisait voir la réalité des choses, et ça faisait mal. Je serrais un peu plus fort sa main, alors qu'une larme coulait le long de ma joue.

« I believe that this is fate, 'cause baby we belong together. »
« Alors, comment c'était ? » me demanda Stefan alors que je franchissais la porte de sa maison. Je haussais les épaules et m'adossait au mur en face de lui. « Sympa. Pourquoi ? » demandais-je avec un sourire coquin. J'avais passé l'après-midi avec un de mes amis les plus proches, mais j'avais laissé croire à Stefan que je me rendais à un rencard, pour voir sa réaction. Je le connaissais par coeur, car il était avant tout mon meilleur ami, et je pouvais dire qu'il semblait jaloux. (underco).

« If you wait for me, I'll be the light in the dark when you lose your way. »
underco.